Portraits de
parisiens
José Gonzales, gentleman guenteleur
Il aurait pu baisser le rideau depuis longtemps, mais José Gonzales n’est pas du genre à faire sa révérence. Cet Espagnol expatrié, condamné à mort sous Franco, porte haut le verbe et sa fierté. Droit dans sa veste en tweed, coiffé d’un chapeau melon lustré, il a l’élégance d’un vrai dandy. Avec la tristesse et la drôlerie d’un Charlie Chaplin en plus. Si vous le cherchez, vous le trouverez tous les mercredis, samedis et dimanches dès 15h sur la promenade des Champs Elysées au Théâtre de Guignol. Le plus ancien de la capitale que l’on a tous vu au moins une fois dans le film « La grande vadrouille ». Qu’il pleuve ou qu’il vente, José Luis Gonzales est là, ce sont parfois les enfants qui ne sont plus au rendez-vous.
Promenade des Champs Elysées au rond point angles avenues Matignon et Gabriel, 75008 Paris
theatreguignol.fr
01 42 45 38 30
Les enfants ne craignent rien. Ce sont leurs parents qui ont peur pour eux
Il vous faudra le débusquer derrière des hauts buissons, pousser une petite porte qui grince et vous verrez surgir le plus merveilleux théâtre de marionnettes. Les bancs en bois verts sont au vent, il n’y a pas d’abris pour la pluie, ni de couvertures l’hiver. Juste des oranges parfois pour que les enfants repartent tous avec quelque chose. Depuis 40 ans, Il a repris le flambeau de Monsieur Guenteleur – à l’époque on prenait le nom de son métier- qui était marionnettiste depuis 5 générations. « Il m’a reconnu. Il a su que c’était moi. Il n’y a pas de hasard mais des coïncidences ».
Comme écrivait Hemingway, Paris est une fête et moi j’ai la prétention de continuer
La transmission s’est passée oralement comme dans les tribus d’indiens des grandes plaines. Il s’apprête d’ailleurs doucement à passer le flambeau à une jeune femme qui joue avec lui les après-midis. Car les histoires de Guignol ne s’écrivent pas, elles se racontent. Un art mineur, majeur dans sa vie et dans celle des enfants. Un art qui nous parle de rapports humains, d’histoires de gendarmes et d’amour, rythmés par de grands coups de bâton pour nous faire rire et crier de colère et de joie.