Portraits de
parisiens
De mèche avec Marisol
C’est dans son joli salon de coiffure, pas très loin de la Place des Vosges – elle possède aussi un salon au Bon Marché- que Marisol nous accueille. Il se dégage d’elle une énergie qui irradie à l’image de la blondeur de ses cheveux. Le fameux blond Marisol, tout en nuances, qui a fait sa renommée tout autant que ses perruques sculpturales. Celle qui travaille avec les plus grands stylistes de mode a fait du cheveux un art à part entière. Elle a d’ailleurs exposé à Beaubourg, a été l’invité du Vitra Museum pour parler du design et du cheveu et se voit courtisée en Amérique et en Asie pour des rétrospectives axées sur ses perruques.
33Ter, rue des Tournelles, 73003 Paris
01 44 61 18 34
Mes premières perruques étaient des objets. Au début je faisais cela pour m’occuper le soir. Je m’amusais avec les cheveux ! »
Comme d’autres tricotent, elle se relaxe en tressant et coiffant. De fil en aiguille, elle peaufine son style et ses perruques deviennent de plus en plus sophistiquées. La tresse en est l’élément majeur, celle à travers laquelle elle déroule l’histoire. Son histoire et celles des autres qui ramènent souvent à la magie de l’enfance. « Toutes ces petites mèches que l’on garde, c’est comme préserver l’esprit enfantin. Je m’amuse vraiment avec les tresses, je les modèle, je les tords et elles m’entraînent quelque part. Parfois, elles sont ultra graphiques, d’autres fois elles renvoient à l’Inde des Maharadjas ou elles m’inspirent des casques des Vikings » raconte-t-elle.
« En plein défilé, Margiela passait tout son temps à parler avec les coiffeurs. C’est la personne que j’ai trouvé la plus inspirante. Il avait le sens de la mode mais aussi un côté plasticien notamment dans sa façon de voir les coiffures »
Marisol développe sa fibre artistique avec une liberté totale. « J’aime ces moments où je crée, je vis en recluse dans ma bulle et après au salon, je retrouve à nouveau le lien avec les autres. Ce que j’aime dans mon métier, c’est l’échange. Parfois je regarde mon agenda et en voyant le nom de mes clientes, je me dis : je vais passer une bonne journée ! ». Sa réputation, elle la doit aussi à l’excellence de ses colorations. Une vraie alchimie qu’elle prend le temps de mettre en place pour que les cheveux mémorisent la couleur.
Couper ses cheveux n’est jamais neutre, c’est aussi une façon de passer à une autre histoire
Éprise d’authenticité, elle réalise 2 à 3 collections par an avec pas plus de 5 pièces à chaque fois. À cela s’ajoute sa collection d’accessoires née de la « frustration » de ses clientes à ne pouvoir porter ses perruques ! Des macarons, bandeaux, serre-têtes, barrettes… (à partir de 60 €) réalisés en faux cheveux et qu’elle adore voir dans les chevelures des filles. Elle peut d’ailleurs sur commande les réaliser avec vos propres cheveux et créer des modèles sur-mesure pour les mariées. Cette femme-là n’en fait qu’à sa tête et c’est sans doute pour cela qu’elle nous séduit autant.
Illustrations : Cassandre Montoriol