Portraits de
parisiens
Charles, le coiffeur-musée pour hommes
Quand je l’aperçois cette après-midi là, je ne vois d’abord que le décor de sa boutique. Son mobilier en formica jaune et les chaises un peu raides, pur jus années 60, installées pour patienter. C’est seulement ensuite que je le vois. Monsieur Charles. Tiré à quatre épingles tel un dandy, il manie habilement son ciseau et plaisante avec un client qui vient tous les mois depuis 20 ans « pour le professionnalisme et la gentillesse ». Lui s’amuse : « Ce qu’il ne vous dit pas, c’est qu’il vient parce qu’il ne paie pas ! ». Sa clientèle est fidèle et il s’étonne toujours que certains, même après avoir déménagé, persistent à fréquenter son salon dans lequel il a installé son petit musée de la coiffure.
18, rue de la Jonquière, 75017 Paris
01 46 27 98 54
J’ai voulu être coiffeur pour hommes parce que ça me ressemblait plus et qu’à l’époque on pouvait choisir
Il a repris le salon depuis 25 ans, mais il est seulement le 4ème propriétaire depuis 1880 parce qu’à l’époque « les gens ne changeaient pas comme aujourd’hui ». Côté déco, depuis les années 60, tout est resté en l’état , ce qui apporte un aspect suranné magique. Au salon, il assure les coupe de cheveux à 18 €. De temps à autre, un vieux monsieur entrouvre la porte vitrée, salue et lance : « Je vais passer vous voir bientôt » en guise de prise de rendez-vous officiel. Pratique.
Au début je collectionnais chez moi des objets de coiffure ancienne et j’ai eu envie de les exposer pour que tout le monde en profite
Les deux vitrines sont dédiées à son musée de la coiffure très personnel. Des fers à friser, des peignes, des flacons… Le tout est présenté sur des anciennes tables de barbier. A chaque fois, il rajoute un petit objet même s’il avoue qu’il n’a plus de place ! Au-dessus de la caisse, dans une petite vitrine, il a regroupé des lotions et shampoings individuels très courant à l’époque qu’il a chiné au fil du temps et que regardent avec curiosité ses clients.