10 juillet 2020

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Le savoir-faire made in France

Pour la nouvelle édition 2020 de French Shoes Talents lancée par la Fédération Française de la Chaussure, j’ai eu le plaisir d’être membre du jury. Ce concours invite  des élèves de 2ème année de BTS des lycées professionnels dédiés à la mode et à la chaussure a imaginé leur modèle de soulier autour d’un thème. Six d’entre eux ont vu leur projet sélectionné et la possiblité de le réaliser en collaboration avec une entreprise. Malheureusement, à cause du COVID-19, l’aventure s’est achevée prématurément, mais c’est l’occasion de mettre en avant le made in France et la transmission du savoir-faire. Rencontre avec des maisons d’exception.

Fédération Française de la Chaussure

chaussuredefrance.com

ARCHE

Catherine Hélaine, Présidente

Lancée en 1968, l’entreprise s’est faite un nom dans le monde de la chaussure avec le succès de la Archette, une bottine courte et drapée créée en 1980. Chez Arche, l’envers du soulier vaut toujours l’endroit et le bien-être est aussi important que l’esthétisme. Fidèle à ses valeurs, notre entreprise familiale façonne les collections dans l’atelier de Château-Renault. Nous nous inscrivons entre tradition et modernité. La souplesse, les matières naturelles et la pureté font parties de notre ADN.

Le savoir-faire maison

Identifiable par la souplesse de nos peaux, les lignes fluides de nos modèles, un design singulier et un produit durable dans le temps, notre Maison a toujours cultivé sa différence.

(c) arche

Nous utilisons du cuir d’origine européenne et nos semelles privilégient le Lactae Hevea (en pur lait d’hévéa naturel, idéal pour l’élasticité et l’amorti). On s’implique pour maintenir du made in France et mettre en avant le savoir-faire de nos équipes. Une alchimie entre la pureté des formes, la beauté du cuir et des coupes impeccables.

 

L’envie de transmettre aux jeunes générations

En tant que fabriquant, nous ne sommes plus très nombreux en France et nous voulons conserver la notion de transmission du savoir-faire aux jeunes générations. Valoriser ce métier avec ses lettres de noblesse en restant fidèle à nos valeurs fait partie de nos priorités. On a un bel héritage et il est plus que jamais important de le porter haut en couleur.

 

(c) Clergerie

CLERGERIE

Pour contrôler toutes les étapes de fabrication, Robert Clergerie achète les ateliers J.Fenestrier » en 1978. Trois ans plus tard, il lance sa marque. L’histoire est en route avec pour maîtres-mots : création, innovation, artisanat, qualité et préservation du savoir-faire. Aujourd’hui, les collections sont dirigées par David Tourniaire-Beauciel. Le creative director de Clergerie est né à Romans-sur-Isère dans une famille qui a toujours travaillé dans l’industrie de la chaussure et du cuir. Il a fait ses armes chez Stéphane Kélian avant d’intégrer la maison Jean-Paul Gaultier et de collaborer avec des grands noms de la mode comme Martin Margiela et Phoebe Philo.

(c) Clergerie

 

Le savoir-faire maison

Les collections sont aujourd’hui encore fabriquées par des artisans qualifiés dans les ateliers de Romans-sur-Isère de façon à préserver un héritage de 120 ans d’artisanat.

 

(c) Chamberlan

CHAMBERLAN Sophie Engester, cofondatrice.

Réinventer le métier de bottier en développant une application smartphone permettant de donner ses mesures pour créer des souliers femmes sur-mesure, tel était le défi de Chamberlan. Défi relevé dès 2016 avec notamment la création d’un atelier d’art en Dordogne. La maison s’est implantée pas loin de Weston, Repetto et Hermès et aussi du Lycée Porte d’Aquitaine, Pôle d’excellence du cuir et du luxe de Thiviers en Dordogne, un lycée qui accueille des CAP. Accompagné pendant 3 ans par Fred Rolland, l’ex-bottier de Christian Louboutin, la maison à industrialisé le savoir-faire bottier avec la même qualité et les mêmes exigences que le luxe. Tout est travaillé en numérique : prise des mesures, modélisation des formes en 3 D… puis suit un process classique de piquage pour une fabrication artisanale d’excellence.

 

(c) Chamberlan

Le savoir-faire maison

L’artisanat français et les belles matières sont au cœur de la création. Un savoir-faire bottier qui conduit à 250 opérations différentes pour réaliser un soulier ! Après du full e-commerce, la maison a ouvert une boutique près de la place Vendôme, rue Rouget-de-l’Isle à Paris pour que la clientèle puisse découvrir les modèles.

L’envie de transmettre aux jeunes générations

La formation du personnel, c’est vraiment notre obsession. On a formé nos employés qui forment à leur tour. Ce n’était pas notre objectif principal, mais c’est devenu incontournable car on voulait être 100% made in France. Pour cela, on s’entoure de personnes qui viennent de grandes maisons et qui ont de l’expérience.

(c) Acerti France

ACERTI France Patrick Biron gérant Acerti France

Après avoir été mise en liquidation judiciaire, Chauss’Nature a été rachetée en 2017 par un groupe de podo-orthésistes. L’objectif étant de mutualiser leurs méthodes de fabrication pour proposer des modèles plus mode qui intègrent au mieux le handicap. Rebaptisée Acerti France, l’entreprise est située à 15 km de Cholet non loin du Lycée de la Mode. Elle assure aujourd’hui la continuité de l’activité avec notamment des chaussures thérapeutiques en demi-mesure.

(c) Acerti France

Le savoir-faire maison

Nous fabriquons des produits confortables et anti allergiques avec des semelles en latex, des tannages végétaux… Notre force ? Une bonne durabilité puisque la maison assure même les réparations (notamment les ressemelages). Nous développons aussi des produits « Made in France » pour de jeunes créateurs et nous avons lancé notre e-commerce.

L’envie de transmettre aux jeunes générations

L’avantage de notre atelier, c’est qu’il va de la conception à la mise au point des chaussures avec un personnel formé pour chacune de ces étapes. Notre moyenne d’âge est de 56 ans aussi le fait de nous rapprocher des écoles et de trouver des personnes motivées et jeunes permet d’assurer le transfert des connaissances et du savoir-faire. C’est important d’avoir cette relation de montrer aux jeunes qu’il y a un avenir dans ce métier.

(c) Insoft

INSOFT

Patrick Mainguené, créateur d’Insoft

J’ai toujours été sensible à ce qui était innovation au niveau de la chaussure. Trouver des réponses techniques intéressantes notamment le tricotage, c’est une bonne solution pour créer des produits durables et respecter l’environnement en fabricant aussi en France. D’où l’envie de fonder InSoft qui repose sur 3 valeurs : la proximité, le respect de l’environnement et l’innovation. Nous proposons une gamme de chaussons en feutre pour Homme et Femme, des sneakers en cuir et enfin une gamme de sneakers tricotées avec un fil issu du recyclage des bouteilles en plastique. Aujourd’hui, la preuve que ce secteur se développe, c’est que nous sommes sollicités par des marques comme Agnès b pour du co-branding. Il y a une vraie attente des consommateurs pour nos produits. C’est un challenge d’associer la mode et l’économie circulaire.

(c) Insoft

Le savoir-faire maison

Couper, piquer et monter à Romans, c’est un gage de savoir-faire, de chaussures de qualité et de production française. L’intégralité de la fabrication de la chaussure est effectuée sur le territoire de Romans et aux alentours, et ce, depuis la phase de découpe de la matière jusqu’à la finition, en passant par les étapes indispensables du piquage ou du montage. Notre dernier modèle Ector est tricoté, recyclé et recyclable. Les gens peuvent ramener leur paire usagée et avoir 10% sur l’achat d’une nouvelle.

L’envie de transmettre aux jeunes générations

À Romans, il y avait pas mal d’entreprises qui permettaient aux élèves de trouver des stages. C’est très formateur. Quand j’ai créé ma société, j’ai pensé à Romans pour m’installer car il y a la proximité du Lycée de formation. C’est intéressant d’apporter à ces jeunes une vision autre que celle qu’on leur enseigne à l’école. La chaussure, c’est aussi de l’innovation. Il faut leur montrer comment faire des produits sympas qui répondent aux attentes du marché.